811

Petit E. devient grand et il prend un malin plaisir à voler les jouets de son grand frère. Son plus grand plaisir est sans aucun doute de partir à la course après avoir commis un de ses larcins. Mal lui en pris lundi soir... Après avoir chippé une petite voiture à T., il s'est sauvé en courant, s'est empêtré les pieds dans mes souliers qui n'étaient pas bien rangés (lire ici : qui trainaient) et est allé se cogner le front (lire ici : se péter solidement la yeule) contre la première marche de l'escalier. Instantanément, son front est devenu d'un bleu violacé qui n'augurait rien de bon et il s'est mis à enfler à la vitesse grand V. De toute sa vie, je ne l'avais jamais vu pleurer autant! Il refusait qu'on lui touche et semblait vraiment en grande détresse.

Environ 7 minutes après l'évènement qui allait chambouler les plans de ma soirée, E. dansait dans le salon en mangeant des céréales et en faisant des bye-bye à toutes les voitures qu'il entendait passer dans la rue. J'ai quand même appelé le 811 pour me faire rassurer, je m'attendais à ce qu'on me dise quelque chose du genre 'Appliquez de la glace, donnez un bisou, une suce et une doudou et ne vous en faites plus'. Nope... J'ai plutôt eu la version drame : "Madame, votre enfant peut faire une commotion cérébrale à tout instant! Vous devez vous rendre à l'hôpital immédiatement! Vous devez le réveiller aux 4 heures et ce pendant 72 heures. Votre enfant a besoin d'examens neurologiques approfondis afin de s'assurer que le cerveau est intact!" À ma question : "Euh... Mais là, il est dans le salon, il danse et il chante et il dit bobo-boum, n'est-ce pas un signe que tout est plutôt sous contrôle?" on m'a répondu : "Non madame! Il peut convulser à tout instant au cours des trois prochains jours et son état peut se dégrader rapidement..."

En panique, je suis partie à l'urgence. On m'a accueillie rapidement, j'ai expliqué mon cas et l'infirmière avait l'air de se demander si elle ne devait pas m'interner pour avoir amené mon fils pour une puck dans le front (c'était quand même une méga puck!), bref, voyant que je mourrais d'inquiétude et que j'avais pris très au sérieux toutes les conséquences possibles de cette chute, elle m'a proposé de rester en observation avec bébé le temps qu'un médecin soit disponible. Deux heures plus tard, après que E. ait tenté de charmer tout le personnel hospitalier avec ses coucous et ses clins d'oeil (des deux yeux en même temps). Après que tous les patients de la salle d'attente soient devenus ses amis comme il le dit si bien. Après que j'aie eu le temps de douter de la pertinence de ma présence à l'hopital, un médecin m'a rencontrée. Recommendation du médecin : "Madame! Allez coucher votre enfant, il est fatigué après avoir autant joué et autant couru dans l'hopital, n'appelez plus le 811 pour une chute, ils vont toujours vous envoyer d'urgence ici! Si votre enfant ne présente aucun signe d'altération du comportement, s'il ne s'évanouit pas, s'il ne vomit pas, il est correct." Nous sommes donc repartis, E. triste de quitter tous ses nouveaux amis et moi, soulagée et en rogne contre l'infirmier qui m'a fait penser que mon fils allait mourir dans les prochaines heures!